Coup de coeur

N’éteins pas la lumière de Bernard Minier : opéra dramatique

C’est le dernier roman lu durant le confinement, le dernier que je sors de ma PAL avant que je ne la remplisse à nouveau. Je continue mon exploration de la série autour de Martin Servaz avec le troisième roman de Bernard Minier, N’éteins pas la lumière.

Est-ce que cette nouvelle découverte va me conforter dans mon idée que l’auteur n’est pas fait pour moi ? Aujourd’hui, je vous parle de cet opéra dramatique disponible chez XO Éditions, mais également aux Éditions Pocket.

La 4eme de couverture

« Tu l’as laissée mourir… » Christine Steinmeyer croyait que la missive trouvée le soir de Noël dans sa boîte aux lettres ne lui était pas destinée. Mais l’homme qui l’interpelle en direct à la radio, dans son émission, semble persuadé du contraire… Bientôt, les incidents se multiplient, comme si quelqu’un avait pris le contrôle de son existence. Tout ce qui faisait tenir Christine debout s’effondre. Avant que l’horreur fasse irruption. Martin Servaz, de son côté, a reçu par la poste la clé d’une chambre d hôtel. Une chambre où une artiste plasticienne s’est donné la mort un an plus tôt. Quelqu’un veut le voir reprendre du service… ce qu’il va faire, à l’insu de sa hiérarchie et de ses collègues. Et si nos proches n’étaient pas ce que nous croyons ? Et si dans l’obscurité certains secrets refusaient de mourir ? Non, n’éteignez pas la lumière, ou alors préparez-vous au pire…

N’éteins pas la lumière : opéra dramatique

Quelle réussite ! Quelle claque ! Je ne pensais pas écrire ces mots en vous parlant d’un roman de Bernard Minier, enfin du moins avec un roman mettant en scène son Martin Servaz, mais c’est maintenant chose faite. N’éteins pas la lumière est une réussite, une oeuvre parfaite qui a su me cueillir pour ne plus me relâcher. Avec ce roman, j’ai enfin pu voir la maestria qui se cache derrière chaque phrases, chaque mots de l’auteur. J’ai pu toucher du doigt l’engouement qu’il y a derrière lui. J’ai pu lire une oeuvre parfaite et je vais essayer de lui rendre hommage en plusieurs points, histoire d’apporter du rythme à cette chronique.

Si j’ai aimé ce roman, c’est par le tempo haletant qu’instaure Bernard Minier dès les premières pages. Il titille nos sens en quelques mots, il nous donne envie de tourner la page suivante. On est hypnotisé par ses mots et par ce qui semble arriver. On aimerait bien faire une pause, mais il est trop tard pour cela. L’auteur nous tient et va nous faire vivre un véritable enfer. N’éteins pas la lumière est un véritable rouleau compresseur qui dévale une pente à 90%. C’est un mastodonte inarrêtable qui fait mal par là où ça passe et le pire, c’est que l’on en redemande…
Bernard Minier me donne l’impression de s’être ouvert à un style un poil plus cinématographique, jouant sur son rythme et son ambiance plus lourde et malsaine. Certains pourront reprocher à l’auteur de perdre sa différence, alors que, pour ma part, je salue cette incursion dans un style plus moderne, plus percutant et plus marquant pour le lecteur. L’auteur m’a tout simplement plongé dans son histoire et j’avais l’impression d’être avec les personnages, de vivre leurs aventures et de souffrir avec eux. N’éteins pas la lumière est une merveille d’ingéniosité en terme d’écriture et de construction, si bien que le romancier ne se gêne absolument pas pour nous dire comment son roman doit être vu. Bernard Minier nous offre un véritable opéra qui se joue devant nos yeux. On devient spectateur, contre notre gré, de cette tragédie, voire un véritable voyeur. Ce roman est une avalanche de rebondissements, de sensations, de tensions et de peur, si bien que l’on se doit d’aller vérifier si notre porte est bien fermée. 

avis n'éteins pas la lumière de Bernard Minier

Comme je le disais, Bernard Minier donne l’impression d’être plus actuel dans sa façon d’écrire et dans la rythmique qu’il donne à son histoire, mais cela passe aussi par les thématiques qui jalonnent son roman. N’éteins pas la lumière est le genre d’histoire qui plaira aux amateurs de noirceur, de ténèbres et de sensations fortes. Si le romancier était plutôt avare en scènes violentes, je dois dire que celui-ci s’est bien rattrapé et que l’on en a pour notre argent. Agressions physiques, tortures et viols sont au programme de ce roman qui ne vous laissera pas tranquille, et ce jusqu’aux tous derniers instants. Bernard Minier s’avère être un auteur capable du pire pour nous décrire des scènes de barbarie et c’est ce qui a pu toucher mon petit coeur de pierre.
C’est une véritable descente en enfer que nous propose le romancier, puisque celui-ci va s’intéresser à la thématique du harcèlement, qu’il soit psychologique et/ou physique. N’éteins pas la lumière est un roman difficile et qui chatouillera quelques zones de votre cortex cérébral. La paranoïa va s’accentuer au fur et à mesure de votre avancée dans ce roman, et comme son héroïne, vous allez perdre tous vos repères. Bernard Minier instaure un jeu pervers où une jeune femme va se faire harceler, d’abord avec une lettre manuscrite, ensuite par des appels téléphoniques, des mails compromettants et des intrusions dans son domicile. L’auteur joue sur la peur de son personnage et par la même occasion avec les nôtres, pour nous parler d’un fléau qui pullule encore plus avec l’avènement d’internet et des réseaux sociaux. C’est un jeu macabre et malsain que nous offre l’auteur. Une véritable valse des sentiments qui transforme une femme en victime, mais attention les apparences sont parfois trompeuses…

Dernier point qui m’a fait aimer ce roman : Bernard Minier maîtrise son roman et nous offre toujours autant de dramaturgie avec des personnages qui vivent un enfer, qui sont au bord du gouffre ou bien qui sont déjà bien au fond. Chaque personnage dispose d’une faille et d’une propension à broyer du noir. Que ce soit cette femme qui se fait harceler, cet homme qui ne peut plus vivre son rêve ou encore Martin Servaz qui lutte contre la dépression dans un centre dédié aux policiers en détresse. D’ailleurs, celui-ci sera moins présent dans cette histoire et ce n’est pas pour me déplaire (PARDON AUX FANS). Le lieutenant de police reprend des forces et se retrouve seul, comme un véritable pestiféré. À croire que les soucis d’un flic sont contagieux pour les autres. Servaz se traîne une maladie que personne ne souhaite et c’est une enquête officieuse qui va lui redonner goût à la vie. N’éteins pas la lumière est tout simplement l’alliance parfaite entre un déroulement incroyable et une dramaturgie intense, qui me fait dire que j’aimerais lire des romans comme celui-ci plus souvent…


Vous l’aurez compris, je vous recommande chaudement de lire N’éteins pas la lumière de Bernard Minier. C’est un coup de cœur surprise, mais surtout incontestable, qui me donne envie de découvrir Soeurs. Si vous êtes à la recherche d’une oeuvre puissante, violente et dramatique, alors c’est ce roman qu’il faut lire de toute urgence !
 

20 réponses »

    • Je suis bien d’accord avec toi ! Dans le genre paranoïa et harcèlement, j’avais aussi beaucoup apprécié Juste une ombre de Giebel, mais on ne ressent pas autant la détresse des personnages et la rage qui en découle.

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    • Madame l’avait beaucoup aimé à la maison, alors que c’était son tout premier Servaz. Je vais essayer de lire prochain, histoire de pouvoir découvre La vallée 😉

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  1. Et bien contrairement à toi c’est celui que j’ai le moins aimé je crois.
    J’ai pourtant été à fond dans cette lecture pendant longtemps mais j’ai été très déçue par la fin.
    J’ai d’ailleurs fais une chronique sur mon blog où je partage ton liens
    Bonne soirée

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