Coup de coeur

Les cicatrices de Claire Favan : thriller implacable sur la violence

Il arrive que vous découvriez un auteur et que le courant passe bien entre vous, mais qu’avec la frénésie des sorties vous le laissez dans un coin. C’est mon cas par exemple avec l’autrice Claire Favan, qui m’avait fait une bonne impression à la lecture de Dompteur d’anges, mais dont je n’avais pas poussé plus que ça m’a découverte.

J’ai donc voulu profiter du confinement pour découvrir son dernier roman, Les cicatrices, paru cette année aux Éditions Harper Collins et je crois que je n’étais tout simplement pas prêt pour ce thriller implacable sur la violence.

Vous avez une petite journée devant vous ? N’hésitez plus et découvrez Les Cicatrices.

Mais lisez mon avis quand même.

La 4eme de couverture

Centralia, État de Washington. La vie d’Owen Maker est une pénitence. Pour s’acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion.
En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne une maison divisée en deux. Il est l’ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. Car, si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni le chantage au suicide de Sally ni les scènes qu’elle lui inflige quotidiennement et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d’elle.
Mais, alors qu’une éclaircie venait d’illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d’un tueur qui sévit en toute impunité dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L’enfer qu’était son quotidien n’est rien à côté de la tempête qu’il s’apprête à affronter.

Les cicatrices : thriller implacable sur la violence

Je ne le fais pas assez souvent, mais ouvrir un roman de Claire Favan, c’est plonger corps et âme dans un thriller implacable pour en ressortir complètement vidé, tout en ayant des multitudes de questions en tête. Parce que cette autrice a quelque chose bien à elle, que ce soit dans sa façon d’écrire, de nous plonger dans une Amérique du Nord dévastée par la violence ou encore de nous parler de tueurs en série. Ouvrir Les Cicatrices, c’est tout ça à la fois et encore plus. Si vous êtes à la recherche d’une histoire que vous ne lâcherez pas avant de l’avoir terminée, alors c’est ce roman qu’il vous faut. C’est dès son prologue que Claire Favan vous happe pour ne plus vous relâcher. Elle nous fait la promesse d’une oeuvre sombre, au message actuel et aux intentions dangereuses. Le résultat est sans appel. On lit, on tourne les pages avec une frénésie telle, qu’on en oublierait de se nourrir. L’autrice exploite son rythme comme personne. Elle nous assomme avec des phrases courtes, des chapitres qui le sont tout autant et des scènes qui restent gravées dans notre mémoire. Il est indéniable que ce roman se rapproche de l’aspect sériel d’un épisode de série TV, parce que Claire Favan fait en sorte d’alimenter notre envie d’en savoir plus. Celle-ci enchaîne les péripéties et les retournements de situations, parfois un peu gros, mais qui font toujours mouche. Bien sûr, l’histoire en elle-même n’est pas nouvelle et vous verrez peut-être certaines révélations arrivaient avant l’explication, mais ce n’est pas grave. L’autrice maîtrise son roman et fait très vite oublier ce petit point noir.

avis les cicatrices Claire Favan

Si la force de Claire Favan vient de sa maîtrise du rythme et de ses effets, elle vient également de la construction de ses personnages. L’autrice prend un malin plaisir à jouer avec nous, avec nos ressentis et nos sentiments. Dès le début, elle fera en sorte que toutes les révélations mettent mal à l’aise et remettent en question notre jugement. Celle-ci s’amuse à nous déstabiliser en nous offrant des personnages complexes, attachants, tandis que d’autres vous sembleront pourris jusqu’à la moelle. Mais le truc, c’est qu’avec Claire Favan, les apparences sont parfois trompeuses et que le rôle de chacun peut se voir inversé à tout moment. C’est notre empathie qui va être mise à mal par des tours de passe-passe astucieux et terriblement bien menés de la part de l’autrice. On s’attache à des personnages, on comprend leur peine, leur douleur, leur côté sombre, mais Claire Favan est là, toujours tapie dans l’ombre pour tout changer. On ne sait plus sur quel pied danser, et ce, jusqu’à son final qui nous laisse un petit sourire en coin. Un sourire amer, un sourire d’excitation pour ce qui pourrait arriver dans le futur et on ne peut que penser au regard de Norman Bates dans le plan final de Psychose.
Parce que là où Claire Favan réussit son thriller, Les cicatrices, c’est dans ses thématiques où la frontière entre la raison et la folie est assez fine. L’autrice s’applique à explorer la question d’héritage, de haine, de rage et de dégoût pour l’autre. On se demande au fil de cette lecture si la violence est en nous dès la naissance, comme un gène bâtard, ou si cette violence n’arrive qu’après, par l’éducation par exemple. Comme je le disais, la frontière est mince et est-il possible de passer de victime à bourreau sans s’en rendre compte et inversement ? Quand est-ce que la distinction se fait ressentir ? Il est indéniable, après la lecture de ce roman, que l’Homme est un être ambigü…


Pas besoin d’aller plus loin pour vous faire comprendre que ce roman a été un beau coup de coeur. Les Cicatrices de Claire Favan est l’alliance parfaite entre le thriller implacable, rapide à lire, et l’intelligence du propos. Parfois violent, mais surtout touchant, ce roman saura ravir les amateurs du genre et je vous conseille fortement de le découvrir au plus vite. 

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7 réponses »

  1. Oh, ce roman a l’air diablement intéressant !

    Ayant lu deux livres (une « duologie », disons) de cette autrice, à savoir Le tueur intime et Le tueur de l’ombre, j’avais bien envie d’en découvrir d’autres, puisque j’avais aimé mes lectures… Celui-ci pourrait bien atterrir un jour entre mes mains !

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