Littérature

Sharko de Franck Thilliez : Attention à l’Hématophobie

Avoir toujours un train de retard. C’est comme ça que j’ai décidé de mener ma vie. Il est temps pour moi de vous parler de Sharko de Franck Thilliez, alors que son nouveau roman LUCA est arrivé en librairie.

Vous le savez, Franck Thilliez fait partie des auteurs incontournables en France, mais aussi à l’étranger. J’ai eu l’envie d’être à jour avant de pouvoir me procurer le nouveau roman de l’auteur. C’est donc avec une envie toute particulière que je me suis lancé dans cette enquête, car il faut dire que la 4eme de couverture était alléchante.

La 4eme de couverture

 » Sharko comparait toujours les premiers jours d’une enquête à une partie de chasse.
Ils étaient la meute de chiens stimulés par les cors, qui s’élancent à la poursuite du gibier.
À la différence près que, cette fois, le gibier, c’était eux. « 

Eux, c’est Lucie Henebelle et Franck Sharko, flics aux 36 quai des Orfèvres, unis à la ville comme à la scène, parents de deux petits garçons.
Lucie n’a pas eu le choix : en dehors de toute procédure légale, dans une cave perdue en banlieue sud de Paris, elle a tué un homme. Que Franck ignore pourquoi elle se trouvait là à ce moment précis importe peu : pour protéger Lucie, il a maquillé la scène de crime. Une scène désormais digne d’être confiée au 36, car l’homme abattu n’avait semble-t-il rien d’un citoyen ordinaire et il a fallu lui inventer une mort à sa mesure.
Lucie, Franck et leur équipe vont donc récupérer l’enquête et s’enfoncer dans les brumes de plus en plus épaisses de la noirceur humaine. Cette enquête autour du meurtre qu’à deux ils ont commis pourrait bien sonner le glas de leur intégrité, de leur équilibre, et souffler comme un château de cartes le fragile édifice qu’ils s’étaient efforcés de bâtir.

Sharko de Franck Thilliez : Attention à l’hématophobie

Alors que Franck Thilliez s’améliorait et faisait monter la pression roman après roman, Sharko marque un temps d’arrêt par rapport au côté explosif de Pandemia. Ce n’est pas pour autant que celui-ci soit à mettre de côté, mais la boulimie littéraire n’a pas eu lieu.
Pourtant, l’auteur français continue son exploration de la folie, de la science et du corps humain, puisqu’il sera question de sang durant toute l’enquête.
Pandemia avait eu l’effet d’une bombe sur moi, grâce à un rythme, une écriture explosive, mais aussi avec sa thématique qui avait réveillé une certaine paranoïa en moi. Sharko est dans la droite lignée de celui-ci, puisque Franck Thilliez va évoquer un autre aspect médical qui fait sacrément froid dans le dos…

C’est devenu un peu comme sa marque de fabrique, mais Franck Thilliez nous gratifie d’un prologue d’une intensité rare. On ressent la tension, la peur et l’excitation qui émane de cette scène. On reste pétrifié face à ce que l’on a devant les yeux. On croit jusqu’au bout que ce n’est pas possible, que cela ne va jamais arriver… On reste alors bouché bée devant ce prologue digne des Dents de la mer.
Le soucis de Sharko vient par la suite et plus particulièrement de son enquête qui est assez lourde et bavarde par moment…  Sharko donne l’impression d’être devant une thèse sur le sang et tout ce qui tourne autour, plutôt qu’une bonne enquête policière. Ce n’est pas un mal, ce point de vue m’a permis d’en apprendre beaucoup sur le sujet, mais j’ai failli connaître une indigestion de sang. Cette lourdeur vient sans doute du milieu mis en place par l’auteur, puisque celui-ci est tout de même assez sombre. On retrouve ce qui avait fait le succès des premières enquêtes en solo de Sharko, mais aussi celles d’Hennebelle. Sharko, c’est le sang, l’horreur, la crasse et la noirceur humaine à son paroxysme. C’est parfois insoutenable, notamment quand on est phobique du sang, mais aussi des aiguilles. L’hématophobie n’est pas loin. Elle est tapie dans l’ombre. On ne se sent pas forcément à l’aise dans ce contexte et dans certains lieux.
Pour continuer dans la noirceur, Franck Thilliez manie avec intelligence l’avidité de notre société moderne, avec un folklore que l’on connaît tous. Le monde de la nuit n’a jamais été aussi dangereux.

sharko-franck-thilliez

Le couple Sharko et Hennebelle semblait vivre la vie parfaite. La naissance des enfants, le petit pavillon en banlieue, le petit jardin. La vie tranquille et parfois ennuyante de bons nombres d’entre nous. Franck Thilliez a alors eu la bonne idée de mettre le couple en danger, non pas en mettant un énième tueur à leur trousse, mais bien en inversant la tendance. Hennebelle commet un crime, Sharko maquille la scène et fait tout pour être en charge des indices. Facile ? Pas tant que ça, puisque les équipiers de Sharko et Hennebelle sont sur les dents…
Franck Thilliez mets alors en place ses pièces, afin de nous faire vivre un enfer. Sharko et Hennebelle marchent sur des œufs durant toutes l’enquête. Une épée de damoclès est juste au-dessus de leur tête, si bien que la tension est grandissante. On ressent la tension au sein de cette enquête et surtout autour du couple d’enquêteur. La moindre erreur peut-être fatale, encore plus quand notre meilleur ami est devenu un véritable chien fou…
C’est bien le couple qui est au centre de toute cette histoire et c’est sur Sharko que tout repose, malgré certains fantômes du passé. Franck Thilliez nous pousse à nous questionner sur notre amour. Sera-t-il assez fort pour surmonter tout ça ?


Bien que Sharko n’est pas su m’apporter un rythme aussi intense que Pandemia, il n’en reste pas moins un thriller efficace et sombre où la crasse de la société est à son paroxysme. On tremble pour notre couple d’enquêteur, on savoure la folie qui émane de cette enquête et on plonge corps et âme dans les ténèbres. Franck Thilliez montre encore une fois qu’il sait jouer avec les peurs de la société… Le sang n’aura jamais été aussi dangereux que dans ce roman.

8 réponses »

  1. J’adore Franck Thilliez et ses histoires. Mais j’avoue que dans Sharko, Hennebelle m’a particulièrement tapé sur les nerfs. Ce n’est pas un personnage que j’apprécie plus que ça bizarrement mais là une vraie tête à claque. Heureusement qu’il y a l’intrigue et les autres personnages pour rattraper le coup. Mais il reste mon auteur chouchou tout de même haha.

    Aimé par 3 personnes

    • J’ai trouvé le personnage plus effacé, en retrait par rapport à d’habitude. Sans doute dû à son histoire et sa peur envers sa famille. Il n’empêche que Thilliez aurait pu lui offrir un meilleur rôle. J’ai beaucoup aimé l’évolution de Nicolas Bellanger pour ma part 🙂

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  2. Je ne sais plus lequel j’ai préféré entre celui-là et « Pandemia », mais je sais que je les ai tous les deux adorés ! (Et que Hennebelle ait été en retrait ne m’a pas dérangée le moins du monde, au contraire… (a))
    Nicolas Bellanger a par contre eu droit à sa propre intrigue, plutôt importante pour une fois, et c’est peut-être ce que j’ai le plus aimé dans le roman !

    Aimé par 1 personne

    • Pandemia est au-dessus pour ma part. Je trouve que l’auteur a vraiment fait un travail sur l’écriture et le rythme, collant parfaitement à l’ambiance 🙂
      Pour celui-ci, j’ai aussi beaucoup aimé le développement de Nicolas Bellanger. J’espère qu’il sera tout aussi bon dans Luca 🙂

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